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le stade avec le front si haut et l’air si fier, on est forcé de se recueillir pour écouter les grandes vérités qui vont être révélées. M. Georges Pouchet et l’illustre Broca furent, en effet, les plus zélés défenseurs de la thèse polygénique. Aussi avec eux, nous n’avons pas seulement de simples nomenclateurs. Ce sont plutôt des théoriciens obstinés, ne voyant aucune raison au-dessus de leur système, ne perdant aucune occasion de le corroborer, de le fortifier, et de lui donner cette base solide qui défie les temps et les révolutions. Peut-être ces considérations se rapportent-elles moins à M. Georges Pouchet qu’à Broca, mais les arguments de l’un sont tellement conformes à ceux de l’autre, qu’on est obligé de les réunir sous le même coup d’œil et d’en faire une seule et même appréciation.

Avant d’aller plus loin, faisons un examen rapide de l’époque où la théorie polygéniste eut une recrudescence si remarquable, soutenue par des adeptes d’une compétence telle, que la science se voit obligée de compter avec elle, malgré toutes les protestations de l’orthodoxie scandalisée.

Vers l’année 1856, le nouveau monde était travaillé par une idée qui envahissait les esprits et les obsédait. La grande République étoilée dont le progrès matériel et le développement subit et superbe étonnait les politiques, les philosophes, aussi bien que les économistes, sentait se creuser dans son sein une plaie affreuse, horrible. La morale reste toujours la morale. Quelque spécieuses que soient les raisons que l’on met en ligne pour en obscurcir l’autorité, elle se réveille un jour souveraine et bouleverse la conscience mise en guerre avec elle-même. Le peuple américain avait donc fini par comprendre qu’il vivait sous l’empire d’une contradiction patente. En effet, la liberté greffée sur l’esclavage a pu fleurir sous le ciel clair de la païenne Attique, lorsque l’industrie était considérée comme une occu-