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fraternité universelle est restée pour la majeure partie des peuples civilisés une pure comédie ; il semble que les convenances seules la maintiennent dans les idées courantes. C’est que, logiquement, on ne saurait concevoir la fraternité en l’absence de l’égalité. Une telle conception répugnerait souverainement à toutes les saines notions de la philosophie et du droit moderne. L’égalité des races démontrée par la science, affirmée par des faits chaque jour plus nombreux, plus éloquents et incontestables, sera donc la vraie base de la solidarité humaine. Car on ne cimente jamais une alliance sincère par une injustice patente ; encore moins pourrait-on y édifier un engagement moral, où les parties se sentent liées les unes envers les autres par les raisons les plus élevées et les plus nobles que l’on puisse imaginer dans la nature humaine.

Ce sera l’honneur du XIXe siècle d’avoir vu poindre cette ère de la vraie religion, où l’homme donnera la main à l’homme, partout, en tout et à toute heure, pour marcher ensemble vers l’épanouissement du bien, vers l’amélioration générale de notre espèce.

Les races, se reconnaissant égales, pourront se respecter et s’aimer. En effet, leurs aptitudes sont généralement les mêmes ; mais chacune d’elles trouvera dans son milieu un stimulant spécial pour la production spontanée de certaines qualités exquises du cœur, de l’esprit ou du corps. Cela suffira pour qu’elles aient toujours besoin de se compléter les unes par les autres ; pour qu’elles vivent toutes et se développent, florissantes, sous les latitudes qui leur sont propres. Elles pourront bien s’entr’aider dans l’exploitation de la nature, sans qu’il y en ait des supérieures et des inférieures dans l’œuvre du progrès universel, où l’ouvrier et le penseur devront se rencontrer côte à côte, parmi les noirs comme parmi les blancs. Avec l’abandon des idées de domination et de suprématie que les unes