céder à aucune inspiration d’utopiste ou d’illuminé, je crois que toutes les nations et toutes les races marchent, sous une impulsion irrésistible, vers cet état statique. Depuis que la Révolution française, brisant avec les vieilles traditions, a rendu l’homme plus grand et plus digne à ses propres yeux qu’il ne l’avait jamais rêvé, une superbe éclosion d’esprit s’est produite partout. La noble France, en inscrivant le principe de l’égalité dans les tablettes immortelles ou sont gravés les droits de l’homme, avait donné le branle. Sa voix a traversé les monts et les mers ; elle a été entendue sur la surface du monde entier. Cette voix sera écoutée à toujours. Quand bien même toutes les légions de l’esprit ancien, scolastique et théologique, se coaliseraient pour affirmer que les hommes ne sont pas égaux, que les races ne sont pas égales, la parole révolutionnaire retentirait comme le clairon du dernier jour dans l’intelligence et le cœur de chacun. C’est elle qui doit mettre en activité la force évolutive que nous savons commune à toute l’humanité ; oui, c’est elle qui doit conduire toutes les races à la conquête de la science et de la civilisation, ces fleurs tardives, mais éternellement belles, que pousse l’arbre humain dans toutes ses branches et dans tous ses rameaux !
Tous les hommes sont frères.
Ce sont là des paroles d’or. On les répète sans cesse, depuis le jour où le Prophète de Nazareth, dans sa douceur évangélique, étendit sa main sur les grands et les petits dans une bénédiction commune. Celui qui, en son cœur, concevrait le moindre doute sur cette fraternité humaine qui est devenue une des croyances fondamentales des sociétés modernes, aurait honte de manifester tout haut l’obsession de sa conscience. Il craindrait, en s’inscrivant contre le principe de solidarité qui attache chaque homme à la destinée de tous les hommes, de froisser le sens moral de tous ceux qui l’entourent. Mais faut-il le dire ? Cette