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toutes les classes sociales dans tous les peuples de l’univers ; car elle donne au principe moral, qui en fait la force en dehors de toute autre considération, un caractère d’uni versalité qui renforce et consolide son autorité. Partout où lutte la démocratie, partout où la différence des conditions sociales est encore une cause de compétitions et de résistances, la doctrine de l’égalité des races sera un salutaire remède. Ce sera le dernier coup porté aux conceptions du moyen âge, la dernière étape accomplie dans l’abolition des privilèges. C’est là incontestablement le sens dans lequel s’accomplit l’évolution sociologique de tous les peuples et la tendance de tous les esprits éclairés et sains ; c’est vers cet idéal que se dirige l’avenir. En est-il de même de la théorie de l’inégalité des races ? Au contraire, d’exclusion en exclusion, elle aboutit fatalement à la conception d’un petit noyau d’hommes, presque dieux par la puissance, destinés a subjuguer le reste des humains.

Il serait curieux de Voir jusqu’à quel point les faits justifient l’hypothèse philosophique que je formule ici avec si peu d’hésitation. Personne ne niera la première partie de ma proposition ; cependant on pourrait concevoir certain doute sur le second point, à savoir que la théorie de l’inégalité des races conduit logiquement à un système oligarchique ou despotique dans le régime intérieur et national «  des peuples, sans même qu’on ait besoin d’y supposer des races franchement distinctes. Les savants et les philosophes, qui affirment que les races ne sont pas égales, en viendraient-ils donc à désirer un régime de distinction, l’établissement de vraies castes, dans la nation même à laquelle ils appartiennent ? De telles conceptions, si contraires aux aspirations modernes, ne seraient-elles pas la meilleure preuve d’une aberration d’esprit, chute dont n’est exempt aucun de ceux qui plaident contre la vérité et les lois naturelles ?