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CHAPITRE IV.

Monogénisme et polygénisme.


Ipsius enim et genus sumus. (Acr. Ap.).

Τοῦ γὰρ ϰαὶ γένος ἔσμεν.    (Aratus).

I.

LES DEUX DERNIERS CHAMPIONS.


Malgré tant de travaux et de controverses, les savants qui parlent encore de l’espèce, dans un sens ou dans l’autre, ne parviennent pas mieux à une conception claire et nette de l’idée qu’on doit y attacher[1]. Et c’est avec cette incertitude fondamentale sur le caractère propre et distinctif de l’espèce qu’on a livré tant d’assauts, à savoir si les hommes forment une seule espèce ou s’ils en forment plusieurs ! C’était vraiment s’engager à ne jamais vaincre ni jamais être vaincu. On pourrait donc se dispenser de jeter un regard sur ce tournoi de paroles retentissantes où les plus ingénieux semblent toujours emporter la palme, mais ne la gardent que pour un instant. Cependant les arguments que l’on emploie pour soutenir ou combattre la doctrine unitaire constituent, pour la plupart, la source même d’où il a surgi toute armée la théorie de l’inégalité des races humaines, comme sortit Minerve de la tête de Jupiter. Il faut donc y fixer l’attention.

  1. Dans la séance du 17 juillet 1884 de la Société d’anthropologie de Paris, MM. de Quatrefages et Sanson, deux éminents professeurs, deux vétérans de la science, n’ont pu s’entendre sur cette question qu’ils continuent à considérer à travers le prisme du monégénisme ou du polygénisme. Il est curieux de voir quelle étincelle de passion et de verte véhémence jaillit des yeux de ces hommes d’ordinaire si calmes, aussitôt qu’on touche à ces controverses.