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lesquelles toute la science proteste : elles reviendront spontanément à la vérité. Mais cette vérité, que les lumières naturelles suffiraient seules à indiquer, a-t-elle toujours été méconnue ? Dans les époques où l’intelligence humaine brillait du plus vif éclat, sans qu’aucune idée dogmatique vînt jamais l’enténébrer, avait-on contre la race noire les préjugés dont on l’accable aujourd’hui ? En un mot, quelle était l’opinion des anciens sur la thèse que je soutiens ? Une courte étude nous mettra a même d’en juger.

III.

LES GRECS, LES LATINS ET L’ÉTHIOPIE.

En prouvant que les anciens n’ont jamais divisé les races humaines en inférieures et supérieures, nous ne ferons que rendre plus indiscutable l’opinion que nous avons établie sur l’influence des idées théologiques dans le courant d’esprit qui a gagné toute l’Europe moderne et dont elle ne se défait qu’avec peine, à part un nombre restreint d’intelligences d’élite qui ont pu s’émanciper des préjugés traditionnels.

On ne saurait sans doute contester que dans l’antiquité on attachait beaucoup plus de mérite à la beauté physique que dans les temps actuels. Quelles que soient les qualités qui rehaussaient un homme, il lui fallait surtout soigner sa personne, étudier son maintien et sa démarche, tâcher enfin de se faire beau, s’il briguait sérieusement les succès publics. Aussi est-ce à remarquer que les portraits des grands hommes de l’antiquité grecque et romaine, ceux des Grecs surtout, conservés par leurs monuments inconographiques, tels que statuettes, bustes, monnaies, médailles ou camées, représentent tous des traits expressifs et réguliers, s’approchant le plus possible de l’idéal de la beauté humaine.