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Il est donc certain que dans le haut enseignement théologique, dont la science profonde et délicate mérite encore notre respect, malgré ses subtilités et les opinions surannées qu’elle tâche de maintenir comme des vérités éternelles, l’homme noir n’a jamais été considéré comme un être naturellement inférieur, mais bien comme l’égal de tous les autres membres de l’Église, quelle que soit leur race.

Ce sont là des contradictions qui choquent la logique et embrouillent l’intelligence. Cependant, en observant le prêtre, on trouve toujours en lui deux hommes bien distincts. Il est tantôt l’homme pratique, exploitant les faiblesses humaines pour fasciner les esprits et les dominer ensuite ; il est tantôt l’homme de théorie, le théologien subtil, versé dans la connaissance spéciale du droit naturel, lequel se laisse rarement surprendre dans la sanction d’un abus quelconque provenant du droit de la force. Malheureusement, c’est l’homme pratique qui domine en lui. Malgré tout, c’est l’intérêt matériel de la religion qu’il a le plus souvent en vue. Peu lui importent les moyens par lesquels il entraîne les incroyants sous la bannière de la foi : l’essentiel est qu’ils soient entraînés, quand bien même ce serait au détriment de leur intelligence et voire de leur moralité.

Afin de captiver l’esprit de l’ignorant, il lui présentera Dieu comme un blanc et le diable comme un nègre, s’il a affaire à un Caucasien ; transporté parmi les peuples noirs encore sauvages, il ne manquera pas de faire peindre en noir l’image du même Dieu : s’il n’était pas blanc lui-même il donnerait cette couleur au diable ! C’est par ainsi qu’il s’insinue partout, en caressant toutes les passions, au lieu de les combattre. Son triomphe, c’est la captation des âmes par les voies souterraines. Mais là ou il a laissé l’empreinte de ses pas, il faut des siècles et surtout l’effort d’une science incorruptible pour l’effacer complètement. En effet, pour