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bête noire ! Les fils de Voltaire et de Rousseau ont tout envahi. Ils se sont emparés de toutes les prérogatives et font la loi en tout. On pourrait donc penser qu’en dénonçant les croyances théologiques, comme une des sources d’erreur les plus vives dans le maintien de la doctrine de l’inégalité des races, je veux purement et simplement exploiter le discrédit où sont tombées les choses de la foi antique, afin d’agir plus facilement sur les intelligences et de les convaincre sans difficulté. Mais loin de la ma pensée ! Je crois qu’il faut toujours rendre hommage à la vérité, sans se préoccuper aucunement de celui qui en profite.

Les théologiens, tout en admettant que les hommes noirs, les descendants de Cham, justifient la parole biblique par l’état d’esclavage où ils gémissent, n’ont jamais fait autre chose que d’user de l’avantage que leur offraient les faits pour consolider l’autorité des dogmes catholiques et maintenir l’infaillibilité de la révélation. Dans la pratique sacerdotale et dans les institutions canoniques, ils n’ont jamais admis théoriquement la doctrine de l’inégalité. En effet, au point de vue de la théologie dogmatique, en acceptant même que les descendants de Cham aient été maudits par le saint patriarche et subalternisés vis-à-vis de la postérité de Schem et de Japheth, la vertu de cette malédiction, qui avait toute son efficacité sous le règne de la loi mosaïque, disparaît avec l’avénement du Christ. Là commence le règne de la grâce destiné à régénérer l’espèce humaine entière. C’est à ce point de vue de la théologie spéculative que l’on dit ordinairement que Jésus est venu effacer la distinction de sang et des races parmi les hommes. Tous les hommes ont été rachetés par le mystère de la sainte passion : telle est l’orthodoxie appuyée tant sur les évangiles que sur les prophètes[1].

  1. De Ecclesia dicit David : « Postula me et dabo tibi gentes here-