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CHAPITRE XVIII.

Légendes religieuses et opinions des anciens.
Oportet hœreses esse.
(Saint-Paul.)

I.

ANGE ET DIABLE.


Si les causes d’erreur, qui ont été jusqu’ici signalées comme pouvant influer sur l’intelligence de l’Européen dans l’opinion erronée de l’infériorité de la race noire, sont d’une importance incontestable, il s’en trouve d’autres de beaucoup plus agissantes et plus influentes. Telles sont celles qui prennent naissance dans l’aberration des croyances religieuses ou dans un jugement à priori, facilement établi par le vulgaire, confondant les apparences extérieures et la nature même des choses. Dans cet ordre d’idées il faut tout d’abord étudier l’influence que les doctrines théologiques ont exercée dans la vulgarisation de la théorie inégalitaire.

Nul n’ignore combien la foi religieuse est puissante sur l’évolution des esprits qui se sont développés à son ombre. Le fidèle qui reçoit de la bouche du prêtre, savant théologien, une parole vague ou précise, ne se contente pas de la simple conception de l’idée qu’on lui suggère. Il la tourne et retourne, cherchant à en saisir les sens les plus cachés comme les plus pratiques ; dans son âme en peine, il n’obtient de repos que lorsqu’il parvient à réduire la pensée abstraite en une forme concrète ou à prêter à la tradition, si c’en est une, la réalité actuelle qui l’aide à se la figurer