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fenel, etc., sur les villes, les routes publiques, les industries et le commerce de l’Afrique, il conclut ainsi :

« Ces renseignements sont très incomplets, quelques-uns mêmes ne sont pas prouvés ; mais ils montrent suffisamment que ce qui manque aux Nègres, ce n’est ni l’intelligence, ni l’activité, mais plutôt la culture et la civilisation. N’en doutons pas, le jour n’est pas éloigné où cette maxime des ethnographes : Corpore diversi sed mentis lumine fratres, se trouvera justifiée et où les hommes à peau noire pourront marcher de pair avec ceux à peau blanche[1]. »

J’éprouve une exultation bien compréhensible à lire de telles pensées. Je voudrais citer tout au long l’étude à laquelle elles servent de conclusion ; mais je suis heureux surtout de rencontrer dans les idées de M. Guillien une vérité morale que les inégalitaires, monogénistes et religieux, ont constamment négligée : c’est qu’on ne peut proclamer la fraternité universelle des hommes sans proclamer en même temps leur égalité.

Oui les hommes peuvent différer par leur physionomie ou leur couleur ; mais ils sont tous frères, c’est-à-dire égaux par l’intelligence et la pensée. Il a fallu une longue perversion de l’esprit, des influences bien puissantes sur le cerveau de l’homme blanc, pour le porter à méconnaître cette vérité tellement naturelle que pour en opérer la conception la science est même inutile. Ces influences ont-elles toujours existé ? Celles que nous avons déjà étudiées ont-elles été les seules à inculquer chez les peuples de race blanche le préjugé de l’inégalité des races ? Autant de questions qui méritent d’être complètement éclaircies. C’est en montrant par quelle voie factice, par quelle suite de fausses croyances ce préjugé s’est infiltré dans les intel-

  1. Congrès internat., etc., p. 245.