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les prétentions de souveraineté que Napoléon Ier affichait sur l’Europe entière, en remplaçant toutes les anciennes dynasties par les membres de sa famille, les Cortès montrèrent que le peuple espagnol, tout en résistant à la violence, n’avait pas moins compris la grandeur des idées qui avaient surgi avec la Révolution de 1789. La constitution qu’ils élaborèrent, en 1812, en est la preuve évidente. Mais advint le retour des Bourbons. Le colosse impérial, étant renversé par la coalition de l’Europe monarchique et disparu de la scène, Ferdinand VII voulut monter sur le trône de ses pères, tel qu’il devait lui échoir par droit de naissance, sans aucun amoindrissement des prérogatives, royales. Comme les Bourbons de France, ceux d’Espagne ne comptaient pour rien le temps écoulé entre leurs prédécesseurs et la restauration monarchique : ils n’avaient rien appris ni rien oublié !

Sans le bouleversement des colonies de l’Amérique du Sud, qui s’émancipèrent, les unes après les autres, du joug de l’Espagne, la monarchie pourrait être assez puissante pour étouffer toutes les protestations de liberté ; mais affaiblie par les efforts qu’elle dut faire pour éviter la désagrégation de l’empire qui s’en allait en lambeaux, elle ne put rien contre l’opposition, de plus en plus hardie et exigeante. L’appui qu’elle réclama de la France, pour le rétablissement de ses prérogatives, en 1823, n’eut qu’un résultat extérieur et temporaire. Ce résultat forcé devait tourner plus tard contre le principe même qu’on voulait sauver, en ruinant complètement le peu de popularité dont jouissait en France le drapeau légitimiste !

Qu’on suive avec quelque attention toutes ces péripéties de l’histoire européenne, à l’époque où ces divers événements se déroulaient ; on sera étonné d’y voir à quel degré tous ces faits s’enchaînent. Les contre-coups des actions héroïques que Bolivar accomplissait, dans les gorges om-