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En effet, l’axe de la politique européenne semble tourner vers l’Asie et l’Afrique. Toutes les ambitions s’entrechoquent, allant à la recherche d’un terrain propre à leur agrandissement commercial, c’est une course insensée et bizarre, bien ressemblante à celle de Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale ! C’est à qui, des peuples de l’Europe, aura la plus grande part dans cette curée ou l’on se précipite avec avidité. L’Afrique, peuplée de Noirs, semble être de si bon droit accessible aux conquêtes de l’Européen, que rien ne repousse les prétentions de ceux qui veulent s’y procurer un lopin de terre, au détriment de l’indigène. L’homme noir n’est-il pas d’une race inférieure ? N’est-il pas destiné à disparaître de la surface du globe, afin de faire place à la race caucasique, à laquelle Dieu a donné le monde en héritage, comme, dans le mythe biblique, il le donna aux descendants d’Israël ? Tout se fait donc pour le mieux, à la plus grande gloire de Dieu !

Les idées que j’esquisse légèrement ici ne sont nullement le produit de ma seule imagination. C’est le résultat d’une théorie qui est tellement répandue parmi les Européens que les esprits les plus philosophiques n’ont pu échapper à sa prestigieuse inspiration. Il serait peut-être étonnant de voir un homme de la trempe de M. Herbert Spencer y céder comme tous les autres et y compromettre ; sans hésiter, sa réputation de profonde clairvoyance. Cependant, il va plus loin que personne, en affirmant le droit d’extermination qu’a l’Européen contre tous ceux qui résistent à son envahissement. Dans son traité de Morale évolutionniste, qui est le couronnement de ses principes philosophiques et scientifiques, on lit les paroles suivantes : « Si l’on dit qu’à la manière des Hébreux qui se croyaient autorisés à s’emparer des terres que Dieu leur avait promises, et dans certains cas, à en exterminer les habitants, nous aussi, pour répondre à « l’intention manifeste de la Providence »,