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ments les plus resserrés, pour continuer à s’étendre à la plus large collection d’individus pouvant se remuer ensemble dans un cercle d’idées communes. C’est ainsi qu’on est membre d’une famille, ensuite Nantais, puis de la Loire, Français, Européen, élargissant sans cesse la sphère d’activité et de sympathie qui nous tient le plus étroitement lié à la destinée des autres hommes. Encore, avant de penser qu’il est Européen, le Français, se rappelle-t-il qu’il appartient davantage au groupe des peuples d’origine latine, toutes les fois que ce groupe veut s’affirmer en face des nations slaves ou germaniques ! Cela est si vrai que lorsque, par une raison quelconque, un souverain ou un ministre tâche de rompre ces alliances naturelles, pour rechercher des forces plus avantageuses dans les compromis diplomatiques qu’une politique à courte vue justifie ostensiblement, les peuples protestent, résistent et ruinent par leur force d’inertie tous les projets construits sur ces bases anti-historiques.

Alphonse XII aura beau vouloir se faufiler avec l’Allemagne, que le peuple espagnol penchera du côté de la France. Quand bien même le gouvernement allemand lutte contre l’Autriche, le peuple allemand, placera les Autrichiens avant toutes les autres nations dans ses affections. Cette inclination naturelle à se grouper suivant que l’indique l’inspiration d’une parenté ethnique plus étroite peut ne pas se manifester invariablement. L’Italie, quoique de race latine et malgré tous les devoirs de la gratitude, peut, à un certain moment, s’ériger en antagoniste de la France et se montrer prête à se jeter dans les bras de l’Allemagne ou de l’Angleterre, toutes les fois qu’il fut se dessiner dans la politique internationale de l’Europe ; les ouvriers de Londres ont pu, dans un éclair de rapide générosité, demander que le gouvernement anglais vînt au secours de la France envahie par les Prussiens. Mais ces faits ne