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tant que la nation à laquelle ils appartiennent n’occupe pas le premier rang et ne préside pas, pour ainsi dire, aux destinées des autres, avec une hégémonie incontestée. Aussi, toute la somme d’ambition et d’égoïsme mesquin qu’il est devenu honteux à un homme de concevoir pour lui-même, tend-on à la déverser en faveur de sa patrie, ou de sa race pour lesquelles on ne peut jamais être trop ambitieux. Bien plus, ces préoccupations ne se limitent pas aux temps présents ; elles vont plus loin : elles visent même l’avenir le plus éloigné possible. De là une agitation incessante, ou l’on se talonne, toujours prêt à en venir aux mains, lorsque dans cette soif de grandeur et de prééminence, l’un persiste à ne rien céder à l’autre qui affiche des prétentions altières ! Bien souvent, par un pénible exemple, on voit les plus forts s’empresser de briser les plus faibles, avant même que ces derniers soient parvenus à un degré de puissance qui fasse ombre à leur orgueil ou contre-poids à leur prépondérance.

Or, si parmi les hommes de la race caucasique, il se rencontre une pareille rivalité, que sera-ce entre ces mêmes hommes et ceux d’une autre race bien distincte, étrangère à la leur, tant par le tempérament, par la physionomie et la couleur, que par la différence des climats et de la culture intellectuelle ? Qu’on en juge !

Nous avons fait cette observation. Le sentiment de la solidarité humaine prend une extension d’autant plus grande que la civilisation est mieux implantée dans l’esprit et les mœurs des nations. Mais cette solidarité d’abord plus étroite, plus intime pour ainsi dire, se développe insensiblement pour embrasser, avec le temps, l’humanité tout entière. Commencée dans le cercle le plus concentré qui est la famille, elle s’étend du foyer domestique au clan, du clan à la commune, puis à la province, à la contrée, à tout le continent que l’on habite. Elle passe par les groupe-