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poste dans les moments les plus critiques. Il a été le premier à la peine, il doit être le premier à l’honneur. Mais au-dessus de tous, de Dessalines lui-même, il y a un autre nom plus grand, plus vénérable, à jamais glorieux et illustre, dans les annales de l’île d’Haïti qu’il a couverte de ses lauriers ; cependant plus glorieux et plus illustre encore, pour avoir fourni la preuve la plus éloquente, la plus évidente de la supériorité native de la race noire. Je veux nommer Toussaint-Louverture.

III.

TOUSSAINT-LOUVERTURE.


En ce Noir dont la grande personnalité doit rester comme un modèle impérissable, destiné à vivre éternellement dans le souvenir et l’admiration de sa race entière, on rencontre le plus merveilleux exemple de l’étonnante et prompte évolution qu’avaient subie les Africains-transportés en Haïti. Né esclave, partageant l’existence misérable de tous les hommes de sa couleur que le sort avait jetés sur les côtes de Saint-Domingue, il trouva en son âme seule les aspirations supérieures qu’on verra se développer en lui avec tant d’éclat. Dévoré de la soif du savoir, mais dépourvu de moyens ; désirant déployer la plus grande somme d’activité et de vigueur corporelles, mais accablé d’une complexion débile, il a tenté sur lui-même un travail titanique. Il a mené de front deux grandes entreprises des plus difficiles : il voulut corriger et les imperfections de son esprit et les vices de conformation de son corps. Comment a-t-il pu parfaire cette tâche si délicate et si pénible pour ceux-là même qui jouissent de la liberté et qui ont hérité des dispositions heureuses de vingt générations déjà transformées par une longue culture ?

Tout en montrant dans l’exécution de ses travaux d’es-