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pas encore rompu avec les coutumes sauvages, coutumes que les hommes cultivés ont tant de motifs d’abhorrer ? Ne serait-il pas plus loyal et plus correct de considérer les choses d’une manière générale ? Ne faudrait-il pas les dominer par un esprit vraiment philosophique, qui ne blâme, ne réprouve les infériorités et les vices des nations incultes, qu’en reconnaissant que les plus avancées ont traversé les mêmes étapes, ont été fatalement féroces et vicieuses, avant d’évoluer vers une existence meilleure, plus noble et plus décente ? Combien plus logique ne serait pas cette façon d’envisager les faits ! Elle est assurément pleine de consolation, pleine de salutaire espérance pour ceux qui sont encore aux échelons inférieurs de la civilisation ; elle est, de plus, une leçon qui leur indique la voie à suivre. Cette leçon leur fait voir que toutes les races, — blanches, noires ou jaunes, — ont longtemps pataugé dans les ornières du crime et de la superstition, avant d’atteindre un degré supérieur de développement social. Les races humaines, qu’elles soient blanches ou noires sont donc égales entre elles. Aucune d’elles n’a reçu de la nature un organisme supérieur ou des dons spéciaux qui n’aient pas été accordés aux autres. Toutes les différences qu’il est possible d’observer entre leur physionomie respective, au point de vue intellectuel et moral, sont des différences accidentelles et non constitutionnelles, passagères et non permanentes. Le devoir de celles qui sont encore arriérées est donc de s’efforcer d’atteindre leurs devancières dans les progrès que celles-ci ont déjà effectués, sans hésitation ni découragement. Les mêmes lois en faveur desquelles les peuples civilisés ont marché vers la lumière et la perfection, sont celles qui conduiront les peuples attardés dans la route de la civilisation à la réalisation de leurs rêves de gloire et d’agrandissement.

Mais, demande-t-on, comment faire la preuve que la