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Le poète attribue à la superstition seule cette coutume horrible et pétrifiante ; mais il est plus que probable qu’avant de consacrer aux dieux ces victimes humaines auxquelles on accordait ensuite les honneurs de la sépulture, on en faisait une vraie hostie que les assistants se partageaient et dévoraient, croyant accomplir une œuvre méritoire, d’autant plus que la victime était le plus souvent un prisonnier de guerre, un ennemi (hostis).

Sir John Luobock rapporte des cas nombreux ou les sacrifices humains furent pratiqués dans les époques les plus avancées de la civilisation romaine. « En l’année 46, avant J.-C., dit-il, César sacrifie deux soldats sur un autel élevé dans le Champ-de-Mars. Auguste sacrifie une jeune fille nommée Grégoria. Trajan lui-même, quand fût rebâtie la ville d’Antioche, sacrifie Calliope et place sa statue dans le théâtre. Sous Commode, Caracalla, Héliogabale et quelques autres empereurs, les sacrifices humains semblent avoir été assez communs[1]. » En passant du peuple Romain aux barbares du moyen-âge, on rencontre toujours les mêmes pratiques dans la race blanche. « Dans l’Europe septentrionale, dit le même auteur, les sacrifices humains étaient très-communs. Le yarl des Orkneys sacrifia, dit-on, le fils du roi de Norvège en l’honneur d’Odin, en l’an 873. — En 993, Hakon, yarl, offrit son propre fils en sacrifice aux dieux. Donald, roi de Suède, est offert en sacrifice à Odin et brûlé par son peuple, à la suite d’une terrible famine. À Upsala se trouvait un temple célèbre, et un témoin oculaire assura à Adam de Brême y avoir vu les cadavres de soixante-douze victimes. »

Pourquoi négliger systématiquement des faits d’une si éloquente signification, lorsqu’on veut bien parler des instincts superstitieux et sanguinaires des races qui n’ont

  1. John Lubbock, loco citato, p. 364.