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Il est certain que l’anthropophagie subsista dans les mœurs européennes beaucoup plus longtemps qu’on ne semble le croire. Longtemps après que les principales contrées de l’Europe furent entrées dans les phases décisives de la civilisation, des cas isolés se montraient çà et là, dénonçant que les appétits anthropophages n’avaient pas complètement disparu des habitudes des peuples blancs.

Cela s’explique d’autant mieux que, jusqu’à une époque fort avancée de l’histoire européenne, l’institution de la police, quoique connue et pratiquée depuis Charlemagne, ne fut jamais appliquée d’une manière méthodique et sérieuse. Ce n’est qu’à partir de la consolidation du pouvoir royal, en France, après l’abaissement de la féodalité persévéramment poursuivi, de Louis XI à Louis XIV, que cette institution prend un caractère régulier. Et la plus ancienne organisation de police, en Europe, est celle de la police française. Or, quand une habitude s’est enracinée, conservée durant une longue période dans une race ou dans une nation, il n’y a qu’une seule chose qui soit capable de la refréner et de modifier les mœurs qu’elle entraîne, en dehors de l’éducation intellectuelle et morale, c’est la vigilance de la police.

Sans police, sans instruction, n’ayant pour tout moyen de moralisation que les principes du christianisme, intiniment trop élevés pour agir pratiquement sur l’esprit du vulgaire, on comprend aisément que les penchants héréditaires aient persisté d’une manière occulte et durant des siècles, chez ces populations négligées, ignorantes et misérables qui formaient l’immense majorité des pays de l’Europe. Pour n’en avoir aucun doute, on n’a qu’à se rap- peler la croyance aux loups-garous, anciennement répandue dans l’Europe entière et conservée traditionnellement jusqu’à ces temps-ci, chez la plupart des paysans, notamment ceux de la Saintonge, de la Bretagne, du Limou-