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l’ombre, sentant la vie lui revenir et ses membres reprendre leur élasticité, tandis que sa peau halitueuse, caressée par une brise légère, recouvre peu à peu de la tonicité, que tout son organisme se remonte enfin, en secouant sa torpeur !

Autant il paraît drôle de concevoir le Sibérien sauvage ou même les ancêtres préhistoriques de l’Européen méridional, se complaisant à une complète nudité ou se costumant légèrement, au milieu des frimas ou des neiges éternelles, autant il serait curieux de rencontrer l’Africain inculte, s’imposant des vêtements sous le ciel brûlant de la ligne équinoxiale, sans qu’une longue excitation morale soit déjà venue le contraindre à cette gêne évidente. Partout donc ou l’on trouve des Nigritiens habillés, quelque primitif que puisse être leur costume, on peut certifier qu’ils ont accompli une certaine évolution morale, poussés par le désir de plaire ou d’être décents. Pourrait-on en dire autant des Européens ? Certainement non. Partout on les rencontre couverts ; aux époques les plus reculées et, parmi les plus sauvages de leurs ancêtres. Ce qui est chez l’Africain la recherche d’une satisfaction immatérielle, n’est chez ces derniers qu’une nécessité, qu’un besoin matériel.

Aussi, en comparant le développement des sentiments de la pudeur dans les diverses races humaines, doit-on soigneusement écarter ces amplifications stupides ou l’on montre les noirs comme des êtres inférieurs, parce qu’ils vivent nus, au milieu de leurs forêts vierges, sans s’occuper de cacher ce que le blanc éprouverait une honte indicible à laisser voir ! Mais ce n’est pas le seul reproche qu’on adresse à ceux qu’on veut classer comme les membres d’une race inférieure. Ils n’ont, dit-on, aucun souci des spectateurs dans l’accomplissement des actes les plus impudiques et démontrent, par là, un degré d’avilissement