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sans comme lui du règne humain, convinrent de l’intelligence des animaux, mais en signalant entre eux et l’homme une différence psychologique de première importance, à savoir la religiosité. M. de Quatrefages, le plus remarquable de son école, a formulé cette théorie avec une précision admirable.

La théorie une fois établie, on conçoit immédiatement que ceux qui cherchaient à prouver l’inégalité des races aient pensé a comparer les pratiques et les croyances religieuses de chaque groupe ethnique, afin de pouvoir juger de leurs aptitudes par l’élévation plus ou moins grande des idées que chacun d’eux y attachait. Cependant ici encore se présentait une difficulté de premier ordre. Comment distinguer les actes religieux des actes ordinaires ou même des superstitions vulgaires ? Quelles sont les formes supérieures de la religion ? N’y a-t-il pas des peuples, des races entières qui n’ont aucune idée religieuse ? Autant de questions qui mirent les théoriciens dans le plus grand embarras ; mais ce ne fut pas pour une bien longue durée. La science des religions, qui n’avait jamais été embrassée dans un ensemble de connaissances positives, fut enfin constituée par les travaux de Max Müller et de ses émules. On se mit donc à étudier les traditions mythologiques de tous les peuples ; et leurs usages les plus bizarres parurent pleins d’intérêt à l’analyse des savants. À la grande surprise de bien des esprits, on s’aperçut bientôt que tous les peuples avaient conservé certaines coutumes qui dénotent la croyance au surnaturel, c’est-à-dire à l’existence d’un ou de plusieurs êtres supérieurs et invisibles, avec lesquels les hommes sont dans une relation mystérieuse. L’idée religieuse, ainsi réduite à sa plus simple manifestation, fut reconnue comme un apanage général de l’espèce, un caractère, commun à toutes les races humaines. En effet, la religion entendue de cette façon est une simple