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des distinctions purement arbitraires ; et nous verrons plus loin les nombreuses controverses qu’elles soulèvent. Les espèces reconnues par notre auteur sont au nombre de quinze, séparées en deux grandes divisions de léiotriques (cheveux lisses) et ulotriques (cheveux crépus). Voici la nomenclature qu’il en donne. Parmi les léiotriques sont : 1° la Japhétique, 2° l’Arabique, 3° l’Hindoue, 4° la Scythique, 5° la Sinique, 6° l’Hyperboréenne, 7° la Neptunienne, 8° l’Australienne, 9° la Colombienne, 10° l’Américaine, 11° la Patagone ; parmi les ulotriques : 1° l’Éthiopienne, 2° la Cafre, 3° la Mélanienne, et 4° la Hottentote. Ces quinze espèces diffèrent pour la plupart de celles de Desmoulins qui en admettait seize !

Broca, malgré sa conviction de polygéniste, comprit bien qu’il y avait une exagération évidente dans ces classifications. « Fixer le nombre primitif des espèces d’hommes ou seulement le nombre des espèces actuelles est, dit-il, un problème insoluble pour nous et peut-être pour nos successeurs. Les tentatives de Desmoulins et de Bory de Saint-Vincent n’ont produit que des ébauches fort imparfaites et ont abouti à des classifications contradictoires où le nombre des divisions arbitraires est presque égal à celui des divisions vraiment naturelles[1]. »

D’ailleurs Bory de Saint-Vincent, en savant sincère, sentait tout le premier l’imperfection de son système imaginé sans l’appui d’aucune base scientifique. « Avant d’entrer, dit-il, dans l’examen de chacune des espèces, nous devons avouer que pour les caractériser d’une manière irrévocable, beaucoup de documents anatomiques nous ont manqué. Nous avons dû nous arrêter trop souvent à de simples différences extérieures, lorsque nous sommes cependant convaincus qu’il est indispensable de

  1. Broca, Mém. d’anthropologie, t. III, p. 504.