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des misères de l’esclavage, c’est l’histoire de tous les jaunes et les noirs, grandis sous le fouet et dans le cabanon de l’esclave ; c’est l’histoire de la perversité diabolique du commandeur, partout où l’on puisse le rencontrer. Les Européens qui ont le courage de reprocher à l’esclave noir son infériorité intellectuelle ne se rappellent-ils donc pas d’avoir employé tous les artifices pour empêcher que l’intelligence ne se développât jamais en lui. Après avoir brisé tous les ressorts de la volonté, toute énergie morale, toute élasticité de l’esprit, ne laissant que la brute là où l’homme menaçait de s’affirmer, ne savait-on pas, sans l’ombre d’un doute, qu’il ne restait plus rien d’élevé dans cet être méthodiquement dégradé ? C’est pourtant en s’adressant a lui, le prenant comme terme de comparaison qu’on a établi les bases du jugement par lequel on déclare que les races ne sont pas égales, que les Nigritiens sont au-dessous de l’échelle et les Caucasiens au-dessus ! Une science qui s’est édifiée au milieu d’un tel renversement de la nature et qui y a cherché ses règles d’appréciation et de raisonnement ne pouvait offrir rien de sérieux, rien de solide.

Quelques hommes consciencieux ont voulu réagir contre la tendance générale et protester au nom de la vérité et de la justice ; mais leur voix fut impuissante. Aussi bien, il ne saurait y avoir de doute pour aucun esprit sensé : toutes les doctrines anthropologiques et les déductions pseudo-philosophiques qu’on en a tirées n’ont eu pour base qu’un vulgaire empirisme. Les faits qui seront dans l’avenir un motif de honte et de regret pour la race blanche, prouvant à l’excès son égoïsme et son immoralité, ont été tacitement acceptés comme réguliers ; mais devait-on en considérer les résultats comme la manifestation naturelle des choses ? C’est pourtant ce qui est arrivé.

En général, les savants conclurent, sans aucun examen