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en Haïti. D’une part, tous ceux qui défendaient l’institution de l’armée, le faisaient avec une aigreur mal déguisée contre le régime parlementaire et les doctrines libérales ; d’autre part, les partisans des principes libéraux voyaient dans l’armée un continuel danger pour les libertés publiques. Il faut avoir suivi toute l’histoire du développement national de la République haïtienne, pour pouvoir se faire une juste idée de l’importante sociologique d’une telle controverse. Il s’agit de deux attractions, entraînant les esprits en sens contraire. Ceux qui veulent suivre les progrès du siècle et se mettre sur la voie des peuples complètement civilisés, tirent d’un côté ; de l’autre, résistent ceux qui veulent retenir le char national dans les ornières du passé, poussant le conservatisme jusqu’à l’outrance. En pareil cas, il n’y a rien de meilleur que les transactions opportunes, à l’aide desquelles on tourne les difficultés et mine les obstacles, sans les heurter de front.

L’intelligent écrivain avec un talent et une hauteur de vue qui planent sur les petites considérations, a fait voir que des deux côtés on a donné dans une erreur d’appréciation, qui ne s’explique que par l’esprit d’exclusion avec lequel on a respectivement traité la question. En une centaine de pages d’un style tantôt soutenu, tantôt léger, mais toujours tempéré par une élégante clarté, la matière est étudiée en maître. Tous les détails techniques sur les différentes armes de l’armée sont examinés avec une compétence indiscutable. Non-seulement il faut avoir été soldat comme M. Légitime, pour s’y entendre à ce point, mais il faut en outre avoir rudement étudié pour en parler avec cette précision et cette aisance.

M. Légitime, se passionnant beaucoup pour les questions qui se rapportent aux sciences politiques et administratives, a publié, depuis cette dernière brochure, plusieurs autres qui traitent des finances, du commerce ou de l’in-