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est nécessaire à notre thèse, qu’il en soit fait mention.

Désilius Lamour, d’une intelligence de premier ordre, d’une capacité incontestable, était noir. Cet homme dont la modestie rare faisait ressortir d’autant mieux le grand mérite, ayant travaillé presque seul, avait pu parvenir à la plus haute culture de l’esprit, sans quitter sa ville nataie, la vaillante cité de Jacmel.

Versé dans toutes les questions de droit public et d’économie politique, d’une humeur toujours calme et modérée, il a été l’un de nos parlementaires les plus corrects, ne prenant la parole que pour élucider les questions ou les ramener aux principes de droit constitutionnel qui aident à les bien embrasser. C’était un noble et beau caractère, un vrai modèle de courage civique, incapable de trahir aucun devoir, mais inaccessible aux passions politiques d’un courant quelconque ! En effet, avec son tempérament bien équilibré, cette clairvoyance supérieure qui était en lui le fruit de fortes études consciencieusement dirigées et contrôlées par le bon sens, il a été en Haïti le meilleur échantillon du politique éclairé, sachant se dévouer pour toutes les idées justes et progressives sans y mettre aucun regrettable excès. Calme et digne durant toute sa belle carrière publique, à son bureau de journaliste, au banc du ministère comme à la tribune du Sénat, calme et digne il est tombé, accomplissant héroïquement mais paisiblement son devoir de parlementaire. On ne saurait imaginer une plus belle figure d’homme public. La génération grandissante aura intérêt à l’étudier, lorsqu’après avoir vainement essayé des moyens arbitraires et empiriques, on se sera convaincu que la science et le droit sont les seuls instruments infaillibles pour la réalisation du progrès et de la vraie civilisation.

En nommant Désilius Lamour, si digne de vivre dans la mémoire de tous les Haïtiens, on ne peut oublier le nom