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Il la caresse délicatement, en jouissant de ses propres émotions ; il le dit bien :

« … Toutes les souffrances
Que j’éprouve en voyant crouler mes espérances,
Je sais les transformer en vers mélodieux. »


Choisissons plutôt dans la corbeille poétique de M. Emmanuel Edouard quelques bouquets qui feront mieux apprécier son talent que la meilleure analyse.

Il faut prendre, par exemple, la gentille pièce intitulée Étrennes et adressée à Félicie. Elle n’est pas bien longue : douze vers seulement ; mais la touche en est si légère, la facture si élégante qu’elle suffirait seule pour faire pressentir le talent du jeune poète :


ÉTRENNES.

À FÉLICIE.

« Rossignol, je voudrais, à l’heure où tout sommeille,
D’accords mélodieux réjouir ton oreille ;
Cygne, au lieu de chanter aux seuls bords du tombeau,
Je charmerais tes jours de mon chant le plus beau ;

Abeille, on me verrait, sur ta bouche mi-close,
Déposer triomphant les parfums de la rose ;
Luciole, j’irais, d’un vol capricieux,
M’offrir comme flambeau, la nuit, à tes beaux yeux ;

Roi, pour te voir sourire, ô ma trop belle idole,
J’arroserais tes pieds des flots d’or du Pactole ;
Dieu, pour te disputer au sombre esprit du mal,
Oh ! je prodiguerais mon tonnerre fatal !


Notre jeune compatriote excelle dans ce genre où il reste toujours poète. Il ne prend jamais le ton du barde inspiré, ton qui a sans doute sa grandeur, mais qu’il est si difficile de soutenir avec quelque originalité, à côté des superbes et magnifiques coups d’aile d’Hugo. Plus humble, il