Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sions du poète latin : Multis ille bonis flebilus occidit[1].

« Voilà les raisons qui justifient l’utilité ou l’à-propos de l’ouvrage de M. F. Marcelin, Ami de Ducas-Hippolyte, ayant vécu avec lui de cette vie de poésie et de dévouement qu’il esquisse si bien dans son livre, M. Marcelin était mieux placé que personne pour vivifier à grands traits la mémoire de celui qui a tant de titres à la sympathie de la jeunesse haïtienne.

« Nous n’entrons pas dans les détails de l’ouvrage de M. Marcelin ; une critique rigoureuse pourrait bien y trouver quelques défauts qui en déparent l’ensemble, quelques faiblesses qui jettent sur le cadre général un décousu regrettable. L’art des transitions n’y est pas toujours ménagé ; les contours et les reliefs en perdent ainsi les teintes variées si nécessaires à une bonne perspective. Cependant des qualités visibles compensent ces défauts qu’on évite peu dans les œuvres humaines. M. Marcelin est jeune ; il ne fait que s’élancer dans la carrière et on peut bien espérer que son talent, mûri par le temps et la réflexion, lui apportera cette habileté et ce faire délicat qui sont les attributs d’un art avancé.

« Dans la première partie de l’ouvrage où il est question de « l’époque » de Ducas-Hippolyte, l’auteur trace le récit de tous les faits intéressants de la politique de Soulouque et de Geffrard. C’est de l’histoire contemporaine, écrite avec le feu d’un écrivain qui a tout vu, qui a participé aux émotions diverses de ces temps, souffrant de l’indignation ou jouissant de la joie qu’amenaient les péripéties des affaires d’alors. Cependant les souvenirs sont trop brûlants sous la plume de notre concitoyen. Il n’a ni l’impartialité ni le recueillement de l’historien qui domine une époque pour la mieux juger. Aussi préférons-nous la

  1. Horace, liv. I, ode XXIV, v. 9.