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publié par M. Frédéric Marcelin dans le but de consacrer la mémoire de l’infortuné poète. M. Frédéric Marcelin est aussi un Haïtien : quarteron de sang, il appartient encore pour un quart à la race noire qu’il a toujours défendue et aimée, comme tous les hommes de sang mêlé que les passions politiques ou un sot orgueil n’ont point aveuglés, en les transformant en faux Yankees.

« Le nom de Ducas-Hippolyte éveille dans tous les esprits des sympathies et des regrets. Ce jeune homme dont l’intelligence précoce ne laissait personne sans admiration, mort plein d`une sève bien riche, a eu ce rare bonheur de ne rencontrer que des éloges dans le cours de sa courte carrière. Cet applaudissement unanime qu’il méritait bien ne s’est pas anéanti devant sa tombe trop tôt ouverte. Enlevé à l’existence dans la fleur de l’âge, n’ayant eu que le temps de jeter quelques essais qui font présager d’un avenir brillant, Ducas-Hippolyte a pourtant laissé un nom immortel ; c’est que chacun de ces essais était un chef-d’œuvre : malgré sa jeunesse, il était déjà un virtuose de la plume. Son style léger, facile, élégant, coloré, savait passer d’un ton à l’autre avec une finesse, une délicatesse de touche d’autant plus admirable que l’art ne s’y laisse jamais voir de prime abord. Ce qui plaît surtout dans les créations de Ducas-Hippolyte, c’est que tout y semble si naturel que le lecteur ne devine rien de tout le précieux travail qu’il a fallu pour ciseler ainsi ces contours gracieux, ces formes capricieuses répandues avec une proportion qui fait soupçonner la main d’un maître.

« Ces qualités du jeune poète expliquent lenthousiasme que réveille ordinairement son nom digne de passer à la postérité avec l`expression admirative de ses contemporains. Sa carrière, pour être courte, n’a pas été moins bien remplie ; et on peut, pour en parler, se servir de ces expres-