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faits, bien des esprits reviendront-ils à une meilleure appreciation de la vérité.

C’est, d’ailleurs, une revue intéressante à faire.

Pour la littérature, citons tout d’abord le nom de Ducas-Hippolyte. Ce jeune écrivain noir, enlevé trop tôt aux lettres haïtiennes, avait fait la meilleure partie de ses études à Paris, comme la plupart de ses compatriotes qui viennent en France compléter les connaissances qu’ils ont déjà acquises en Haïti. De retour dans sa patrie, il fut accueilli par l’admiration et la sympathie générales. C’est qu’il avait les qualités les plus brillantes et remarquables : un esprit ouvert, cultivé et fin ; un charme de diction et une vivacité intellectuelle fort rares, le tout réuni à une exquise urbanité qui en rehaussait l’éclat. Il écrivait correctement, élégamment, tant en prose qu’en vers. Son style facile, mais d’une touche à la fois délicate et savante, saisit, captive l’attention et répand dans toutes ses compositions un je ne sais quoi de fin, de léger, qu’on serait tenté d’approcher de l’atticisme.

Malheureusement, il n’a pas assez vécu pour avoir eu le temps de composer une œuvre de longue haleine ; toutes ses productions consistent en des pièces éparses ou il a déployé un talent prodigieux, mais avec la liberté capricieuse du poète qui n’a pas encore mêlé l’ambition de la gloire au culte de la muse adorée. Brillants essais qui ne font que rendre plus amère la disparition prématurée d’une si belle intelligence !

Ducas-Hippolyte, que l’on peut proposer comme un modèle aux jeunes noirs d’Haïti, n’avait pas seulement des qualités intellectuelles ; il y réunissait, avec l’amour de la liberté, un cœur bien fait, des aspirations élevées et généreuses dont l’ensemble seul forme un esprit vraiment supérieur. Que le lecteur me permette de répéter ici les paroles que j’ai écrites, lors de l’apparition de l’ouvrage