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vice de la vérité et se sont admirablement évertués a convaincre leurs congénères de la réalité des faits.

Ils ont héroïquement travaillé à rabattre la prétention de l’homme blanc à une supériorité native sur l’homme noir, prétention injustiüable, mais passée à l’état de dogme chez le plus grand nombre des Européens et dirigeant leur conduite générale dans toutes leurs relations avec les fils de l’Afrique. Cependant la raison pure n’a pu, à elle seule, dominer sur les esprits encroûtés, de telle sorte qu’ils revinssent de leurs préjugés sans autre forme de discussion. Aux judicieuses observations de Blumenbach et de l’abbé Grégoire, il fut continuellement fait cette objection rétorsive : les noirs instruits ou d’une intelligence supérieure qu’on cite ça et là ne prouvent aucunement l’aptitude positive de la race éthiopienne au développement supérieur de l’esprit ; ils constituent plutôt des cas exceptionnels dont l’existence confirme d’autant moins les qualités ethniques de leurs congénères, qu’ils ne se manifestent qu’à l’état d’isolement, éparses dans le temps et les lieux, véritables éclairs qui ne rayonnent dans la nuit sombre de l’ignorance nigritique, que pour y faire mieux sentir la profondeur de l’obscurité[1].

Que n’a-t-on pas dit !

Je ne m’occuperai pas de cet argument inepte par lequel on avance que les hommes de la race noire qui ont montré des aptitudes supérieures n’ont pu y parvenir que sous l’influence des blancs, dont le contact serait indispensable à leur développement mental. C’est là un pur paralogisme, à l’aide duquel on érige en règle spéciale un fait d’ordre général. La vérité est que les peuples arriérés ont besoin du contact des peuples avancés pour se développer et progresser ; mais il n’y a nullement lieu de considérer en

  1. Voyez Carus, Ueber die ungleiche Befœhigung, u. s. w., p. 24-25.