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parce que la nature lui a donné un front étroit et déprimé, en exagérant la partie occipitale de sa tête, on doit renverser la proposition : il faut conclure que la forme du crâne nigritien est souvent dolichocéphale, parce qu’il n’a pas encore subi le degré d’évolution que doit y amener le développement intellectuel que l’Européen a déjà reçu et auquel il est redevable de cette brachycéphalie dont il est si fier.

En somme, il y a des nations sauvages et des nations civilisées. Naturellement, les premières sont inférieures et les secondes supérieures ; mais la race n’y est pour rien, la civilisation y est pour tout. Ces races sauvages, malgré l’état de profond avilissement dans lequel on les croit plongées, n’ont aucunement perdu leur droit au patrimoine commun de l’humanité, c’est-à-dire au relèvement et au progrès. Elles peuvent commencer, si tard qu’il soit, l’ascension merveilleuse qui a conduit les peuples civilisés à leur degré de perfectionnement actuel. Elles n’ont qu’à trouver ou retrouver le secret qui a fait naître une si belle transformation dans la physionomie de ceux qui tiennent aujourd’hui la tête de l’humanité, parce qu’ils sont les gardiens de la civilisation. Ce secret n’est pas si difficile à découvrir. « L’éducation, l’éducation sous toutes ses formes, dit l’illustre Broca, voilà la force intelligente qui permet à la société d’améliorer la race, tout en luttant contre les sommaires procédés de la sélection naturelle. C’est certainement le plus efficace des moyens dont elle dispose. Joignez-y des institutions équitables permettant à chaque individu d’obtenir une position proportionnelle à son utilité et vous aurez plus fait pour la race que ne pourrait faire la sélection naturelle la plus impitoyable[1]. »

  1. Broca, loco citato, p. 245.