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première transformation étant subie, rien ne s’oppose à ce que l’être humain, d’abord partout semblable en ses rares spécimens et partout inférieur à tout ce que nous pouvons nous figurer d’après les hommes actuels, ait continué à évoluer insensiblement, sous l’empire de conditions plus ou moins favorables à son développement spécifique, réalisant alors la distinction des races, distinction de nature absolument secondaire.

C’est à ce dernier degré que je voudrais reprendre la question. Là, elle est vraiment intéressante, au point de vue de mon argumentation. Darwin, tout en formulant les lois scientifiques à l’aide desquelles on peut y faire la lumière, ne l’a point abordée d’une manière directe et positive. Son ouvrage sur la Descendance de l’homme prouve qu’il s’en est préoccupé ; mais il semble que son esprit fût plus attiré vers les développements généraux de sa doctrine que vers une étude spéciale et approfondie des principes de l’ethnologie. Aussi dans cet ouvrage où il étudie surtout la sélection sexuelle dans toute la série animale, le sous-titre l’a-t-il emporté sur le titre principal. Cependant, des sa première publication sur l’Origine des espèces, il voyait admirablement toute la lumière que sa doctrine pouvait apporter a l’étude philosophique du développement des races humaines. « Je vois dans l’avenir, disait-il, des champs ouverts devant des recherches bien plus importantes. La psychologie reposera sur une nouvelle base, déjà établie par M. Herbert Spencer, c’est-à-dire sur l’acquisition nécessairement graduelle de chaque faculté mentale. Une vive lumière éclairera alors l’origine de l’homme et son histoire[1]. »

M. Herbert Spencer, sans s’y être appesanti d’une façon

  1. Darwin, De l’origine des espèces, traduct. de Mme Clémence Royer. 4e édit., p. 504.