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d’hui qu’il faut distinguer entre l’individualité de Sakia et cette description dont l’idéal, plus ou moins fantastique, ne fait que déterminer les signes auxquels se reconnaît le boudha, de même que l’islamisme donne les signes auxquels on doit reconnaître le madhi et le judaïsme, le messie.

On convient généralement, parmi les érudits les plus compétents, que la ville ou Sakia-Mouni prit naissance portait le nom de Kapila-vâstu. Kapila, en sanscrit, signifie « basané » et vâstu « habitation ». Personne ne sait au juste dans quelle partie de l’Hindoustan était située, cette ville. Il est rapporté qu’en l’an 400 de l’ère chrétienne, Fa-hieu, chinois célèbre, l’a visitée ; au VIIe siècle, un moine boudhiste, également chinois, s’y serait aussi rendu en pèlerinage. Ces vagues notions ne donnent pas une indication précise sur sa vraie place ; mais l’étymologie même de Kapila-vâstu, ne semble-t-elle pas déclarer que c’était le pays des hommes basanés ? Si on se rapporte à la tradition qui fait naître Sakya-Mouni dans le Dekkan, il faudra même le classer dans la population noire de l’Inde, loin de toute origine aryenne ; car les Aryas, quels qu’ils fussent, n’avaient presque pas de colonie dans cette partie de l’Inde[1].

Concluons donc en affirmant que la civilisation hindoue, qu’on l’appelle aryenne ou non, n’est pas l’œuvre exclusive de la race caucasique, si tant est qu’elle y ait une part notable. La grande personnalité de Sakya-Mouni est un argument des plus considérables. Émergeant du monde indien, dès le septième siècle avant l’ère chrétienne[2], c’est-à-dire à une époque contemporaine de celle où la

  1. Lassen, loco citato, t. I, p. 391.
  2. L’époque de l`existe¤ce de Sakya-Mouni est aussi controversée que son lieu de naissance. J’ai adopté l’opinion de Burnouf qui est à peu près la moyenne entre les autres.