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histoire jamais écrite, est un monument littéraire qu’on ne peut contempler avec assez d’enthousiasme. Mais voilà tout. Quant à Vyasa, le prétendu auteur du Mahâbhârata, son existence même est contestée et son nom, qui signifie compilateur, ne prête que trop à cette contestation. Il suffit pourtant que ces œuvres aient été remarquées pour que l’Europe se complaise à croire que leurs auteurs étaient des blancs. Toujours la fantasmagorie des Aryens ! Mais à ne s’étayer que sur les faits existants, a-t-on bien le droit de considérer tous ces grands poètes hindous comme des hommes de la race blanche ? Est-il vrai que toutes les grandes doctrines philosophiques, toutes les belles conceptions poétiques qui viennent des bords du Gange n’ont jamais eu pour auteurs les hommes foncés et presque noirs qui forment pourtant la meilleure partie des populations hindoues ? C’est une question que je voudrais étudier, afin de m’éclairer et d’édifier le lecteur : même un seul exemple aurait pour nous la plus saisissante signification.

II.

BOUDHA.


Les premiers indianistes, qui s’occupaient fort peu d’ethnologie ou d’anthropologie, ne s’avisèrent que rarement d’aborder la question des races dans leurs attrayantes études. Tout fait croire que la majeure partie d’entre eux croyaient, avec une sincère sécurité, que les Aryens étaient une caste blanche ayant la tête au-dessus de tout, couronnant l’édifice social de l’Inde. Comme cette caste, composée des brahmanes, aurait seule le privilège des occupations intellectuelles, il était naturel de conclure que toutes les productions poétiques et tous les mouvements philosophiques, sortaient toujours de la race blanche aryenne.