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moyens non prévus par le code de Manou. Lomapada, roi des Angas, aborigènes du sud-est de l’Aryâvarta, homme d’origine dravidienne ou noire, s’étant converti ai au brahmanisme, obtint la main de la fille d’Ayodhya, souverain de race aryenne. Les enfants nés de cette union eurent pourtant le rang de fils de brahmines et de kchattrya[1]. Dans le Ramâyana, l’épisode de Visvamitra ne prouve-t-il pas qu’un kchattrya, par la science, la componction et l’aumône, pouvait s’élever à la dignité de brahmane[2] ?

Et puis ; le degré de blancheur de la peau ne paraît pas avoir eu l’importance qu’on a voulu systématiquement lui donner dans la hiérarchie brahmanique. D’après Henri Martin, « la loi de Manou fait allusion à des blonds qui existaient au moins exceptionnellement parmi les Aryas hindous et auxquels les hommes de haute caste ne devaient point s’allier[3]. » N’est-ce pas à faire supposer que c’est plutôt à la race blanche que la société brahmanique était particulièrement fermée ? On serait bien tenté de le croire, en voyant la complète disparition des hommes à peau blanche du monde gangétique. Cependant, quoique hors de l’Hindoustan, il est resté des blancs de la caste brahmanique ; mais ils sont tous dégénérés, tombés fort au-dessous des hommes de nuances foncées ou franchement noires. « Quant aux Pandits (Cachemyriens), tous brahmines de caste, ils sont d’une ignorance grossière, et il n’y a pas un de nos serviteurs hindous qui ne se regarde comme de meilleure caste qu’eux. Ils mangent de tout, excepté du bœuf, et boivent de l’arak ; il n’y a dans l’Inde que les gens des castes infâmes qui le

  1. Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I, p. 559.
  2. Voir Burnouf, Introduction à l’histoire du boudhisme indien, t. I, p.891.
  3. Congres intern. des sciences ethn., note de la p. 112.