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devait plier le soudra dravidien, comme Atlas sous le poids du monde.

Mais le charme ne fut pas de longue durée. Aussitôt que des relations faciles eurent permis aux voyageurs européens de visiter l’Inde, de parcourir l’Hindoustan si célèbre par la grande renommée de Bénarès et de Chandernagor, noms poétiques qui éveillent dans lame je ne sais quelle attrayante harmonie on vit, hélas ! que cette race brahmanique qu’on avait rêvée blanche ne l’était pas du tout. La déception était complète et l’on ne pouvait plus s’abuser ; on continua cependant à la classer dans la race blanche comme on l’a fait pour les anciens Égyptiens et même our les Éthiopiens. Le savant d’Omalius d’Halloy semble être le premier qui ait eu le courage de se déclarer ouvertement contre cette hérésie ethnographique. Tout en acceptant la classification de Cuvier, il ajoute en note : « L’illustre auteur du Règne animal distingue dans la race blanche trois rameaux qu’il énumere dans l’ordre suivant : le rameau araméen ; le rameau indien, germain et pélasgique ; le rameau scythe et tartare. Quoique cette division se rattache à des considérations linguistiques et historiques, plutôt qu’à des rapprochements naturels, j’ai cru devoir la prendre pour base de mon travail, parce qu’elle est la plus généralement adoptée. Mais en réunissant dans un même rameau tous les peuples parlant des langues considérées comme ayant des rapports avec le sanscrit, on range un peuple presque noir, comme les Hindous dans le même rameau que les peuples les plus blancs[1]. »

Malgré cette observation si judicieuse, on persista, dans tous les traités d’ethnographie, à faire figurer les Hindous

  1. D’Omalius d’Halloy, Des races humaines. Paris, 1845. 21, note 1.