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Ouvrons Les Suppliantes. En décrivant les marins égyptiens, voilà comment s’exprime l’immortel tragique :

Apparaissent les matelots reconnaissables à leurs membres noirs qui ressortent de leurs vêtements blancs[1].

Nonobstant ces arguments nombreux et d’une valeur incontestable, deux autres faits, d’une importance capitale dans l’histoire de l’ancienne Égypte, prouvent encore que les Rétous, au lieu d’appartenir à la race blanche, comme on s’est obstiné à le répéter, par ignorance ou parti pris, étaient plutôt de la même origine que les Éthiopiens et tous les peuples autochthones de l’Afrique soudanienne. Le premier est le mouvement opéré par les Égyptiens du Delta lors de l’invasion des Hicsos. Ils refluèrent spontanément vers la haute Égypte, jusqu’aux limites de la Thébaïde où, ayant rencontré l’appui des Éthiopiens, leurs alliés naturels et au milieu desquels ils s’étaient retrempés pendant près de quatre cents ans, ils purent prendre l’offensive contre leurs envahisseurs, qui furent alors battus, expulsés de la terre des Pharaons ou réduits en esclavage. Depuis cette époque la civilisation éthiopienne était en pleine floraison ; la princesse Nofri-t-ari, qui fut mariée à Ah-mès, afin de solenniser l’alliance faite avec le roi d’Ethiopie, en donne une suffisante idée.

À propos de ce mariage, il me vient encore à l’esprit un fait qu’on passe ordinairement sous silence dans les dissertations écourtées qu’on fait sur l’origine ethnique des anciens Égyptiens. Tout le monde sait que Salomon (le Sheloum des Arabes ou le Shelomoh des Hébreux) avait épousé une fille du roi d’Égypte P-siou-n-Kha II. Le Cantique des cantiques, composé par le royal époux, est un

  1. Πρεπουσι δ’ανδρες νηιοι μελαγχριμοις
    γυιοισι λευχων εχ πεπλωματων ιδειν.

    (Eschyle, Les Suppliantes, v. 719-720).