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obligé de glaner péniblement, là où d’autres ont abondamment récolté. Qu’il me soit donc permis de ne point m’arrêter sur la grandeur sublime qui fait du mythe de Prométhée la légende la plus glorieuse de l’humanité et d’aller droit au passage qui nous intéresse plus particulièrement ici.

L’épisode qui frappe surtout notre imagination et inspire l’intérêt le plus vif dans le drame eschylien, c’est l’apparition d’Io sur la scène sauvage et magnifique ou se déroule l’action poignante et superbe. Les malheurs d’Io, sa candeur, la persécution irritée de Junon, tout en fait un type qui réveille immédiatement notre sympathie. Je me figure les Athéniens, au goût délicat et fin, l’oreille tendue et l’œil anxieux, curieux d’apprendre le terme que le destin doit mettre aux courses fatales de la fille d’Inachus et le sort réservé à sa postérité. Io interroge le dieu, à la fois héros, martyre et prophète. Un long silence. Tout prend un air solennel et Prométhée commence à développer toute la trame de la destinée de la malheureuse Inachide. Après lui avoir rappelé les péripéties du passé, il lui indique les perspectives de l’avenir. Suivons ces péripéties.

Io, comme le Nil, sort des confins de l’Éthiopie, là où se trouvent les sources de la chaleur, dit le poète, et parcourt toutes les régions africaines qui sont décrites avec une complaisance remarquable. Mais c’est en Égypte que doit prendre fin sa course tragique. Voici comment M. Patin traduit les paroles de Prométhée :

« Aux bords de l’Égypte, près des bouches mêmes et des atterrissements du Nil, est la ville de Canope. C’est là que, te flattant d’une main caressante, Jupiter, par son seul toucher, te rendra la raison.

« De toi naîtra un fils dont le nom rappellera l’attouchement du dieu, le noir Epaphus qui moissonnera dans tou-