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admettre que les anciens Égyptiens étaient des blancs.

La présomption caucasienne n’a pu souffrir l’idée que, dans la première éclosion du progrès, une race que l’Européen considère comme radicalement inférieure fût capable de produire une nation à laquelle l’Europe actuelle doit tout, puisque c’est à elle que l’on est redevable des premières conquêtes intellectuelles et morales qui sont les bases de la civilisation moderne. Cependant la lumière se fait aujourd’hui sur toutes les questions, particulièrement dans le domaine de l’égyptologie. Les savants de tous les grands pays y ont dirigé leurs investigations avec une ardeur, un esprit d’émulation et même de rivalité, dont la science n’a qu’à se louer. Il devient donc impossible de résister à l’évidence des faits, en se renfermant encore dans les théories surannées qui ont fait leur temps.

Il faut rendre cet hommage au génie de Champollion. Non-seulement il a eu la gloire immortelle d’avoir révélé l’Égypte ancienne au monde européen, en découvrant le sens caché des hiéroglyphes, mais il a déclaré, en outre, des le premier coup d’œil, avec ce sens profond dont il était doué, que les peuples égyptien et éthiopien ne formaient qu’une seule et même race, ayant la communauté du langage comme celle de la couleur et de la physionomie. « Les anciens Égyptiens, dit-il, appartiennent à une race d’homme tout à fait semblable aux Kennous ou Barabras, habitants actuels de la Nubie. On ne retrouve chez les Coptes de l’Égypte _ aucun des traits caractéristiques de l’ancienne population égyptienne. Les Coptes sont le résultat du mélange confus de toutes les nations qui successivement ont dominé sur l’Égypte. On a tort de vouloir retrouver en eux les traits de la vieille race[1]. » Les termes ne sauraient être plus précis. Longtemps avant lui, d’ailleurs, un des plus grands

  1. Champollion, Grammaire égyptienne, introduction.