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diges, quand bien même on n’agirait décisivement que dans le cercle étroit de ses intérêts privés. Aussi, leur maison, une des plus solides du pays, est-elle destinée à en devenir infailliblement la plus grande et la plus riche, dans une dizaine d’années d’ici !

On ne peut que s’en féliciter ; car s’il se trouvait dans la jeune République une vingtaine de commerçants avec leur position, leurs aptitudes, et leur esprit de progrès, on ne saurait calculer toute l’influence heureuse qui en jaillirait pour l’avenir de notre patrie et la régénération de cette race dont nous représentons, en Haïti, les spécimens sur lesquels doivent se faire toutes les observations scientifiques et rationnelles.

Qu’on ne croie pas que ces qualités dont je fais ici l’éloge soient aucunement à dédaigner au point de vue des aptitudes ethniques. Il faut que les hommes de la race noire se persuadent de ce fait : — Ils ne parviendront à faire reconnaître incontestablement leur égalité d’aptitudes, à côté de tous les autres hommes, que du jour où ils sauront réaliser les conquêtes matérielles, qui donnent les clefs de la fortune, en même temps que les conquêtes intellectuelles, qui donnent les clefs de la science. — Conquérir une haute position pécuniaire par son travail, par son esprit d’ordre et de prévoyance, n’est pas chose si facile que l’on se l’imagine parmi ceux qui n’ont jamais essayé. On aura beau dire, la lente accumulation du capital et son accroissement réalisé par des combinaisons intelligentes ne réclament pas moins de tête que la solution d’un problème de trigonométrie sphérique ou la résolution d’une intégrale. Quelque étrange que puisse paraître cette proposition, elle n’est pas moins l’expression de la pure vérité. Dans le second cas, il ne s’agit que du simple résultat d’un exercice intellectuel, exercice d’un ordre bien élevé, j’en conviens, mais où l’éducation préa-