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présumée anglo-saxonne que je dois mes aspirations et ces facultés natives, inaliénable possession de la race persécutée et méprisée[1]. »

C’est bien là le langage que les mulâtres intelligents devraient toujours tenir à tous ceux qui pour mieux les mépriser, les engagent à mépriser leurs mères ! Ces paroles effacent en mon cœur un souvenir qui m’a longtemps attristé. Dans le remarquable ouvrage de M. de Tocqueville De la Démocratie en Amérique, le lecteur peut rencontrer les phrases suivantes :

« On voit au Sud de l’Union plus de mulâtres qu’au Nord, mais infiniment moins que dans aucune autre colonie européenne. Les mulâtres sont très peu nombreux aux États-Unis ; ils n’ont aucune force par eux-mêmes et, dans les querelles de races, ils font d’ordinaire cause commune avec les blancs. C’est ainsi qu’en Europe on voit les laquais des grands seigneurs trancher du noble avec le peuple. » Plus loin le grand publiciste a défini lui-même le sens du mot laquais. « Le mot laquais, dit-il, servait de terme extrême, quand tous les autres manquaient pour représenter la bassesse humaine ; sous l’ancienne monarchie, lorsqu’on voulait peindre en un mot un être vil et dégradé, on disait de lui qu’il avait l’âme d’un laquais. »

Grâce à la vigoureuse protestation de Douglass, on ne pourra plus voir des laquais dans tous les mulâtres des États-Unis…

II.

métis du noir et du mulâtre.

Le degré de métissage le mieux fait pour nous éclairer sur la question qui fait l’objet de cet ouvrage, est le croi-

  1. Frédérik Douglass, Mes années d’esclavage et de liberté.