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cette colonie, non un Blanc, mais le nègre Lillet-Geoffroy, correspondant de l’ancienne Académie des Sciences, encore aujourd’hui notre confrère à l’Institut, habile mathématicien, et devenu, dès avant la Révolution, par son talent et malgré sa couleur, capitaine du génie[1]. »

Si Bory de Saint-Vincent était un auteur qui écrivait en profane et mentionnait incidemment le fait en question, on pourrait bien croire qu’il se servait du mot nègre, sans faire aucune distinction entre l’homme noir et le mulâtre ; mais c’était un spécialiste, son ouvrage est purement scientifique et les paroles que nous venons de citer ont été dites par lui dans un but exprès, comme argument réfutatoire de l’inégalité des races. Il y a donc tout lieu de croire que c’est M. de Quatrefages qui se sera laissé induire à erreur.

Aussi bien, nous pouvons conclure que le mulâtre est réellement l’égal du blanc en intelligence : mais ce n’est nullement de celui-ci seul qu’il hérite les aptitudes intellectuelles qui sont le patrimoine commun de l’espèce humaine entière.

Pour clore cette controverse soulevée par la théorie de M. de Quatrefages, je ne puis mieux faire que de citer ici les paroles de l’un des hommes de couleur les plus remarquables et la plus belle individualité de sa race aux États-Unis. Frédérik Douglass, qui est une des preuves les plus saisissantes de l’égalité des races humaines, n’a pu rester inaperçu à ceux qui prêchent la théorie de l’inégalité. Il paraît que, pour s’expliquer ses grandes aptitudes, on avait invoqué la théorie de l’auteur de l’Espèce humaine. Voici comment a répondu l’honorable Marshal de Colombie : «  C’est à elle, à ma noble mère, à ma mère esclave, à ma mère au teint d’ébène, et non certes à mon origine

  1. Bory de Saint-Vincent, loco citato, t. II. p. 64