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physiologique générale que l’hérédité du père exerce sur l’enfant. D’ailleurs, si la théorie imaginée par M. de Quatrefages était vraie, il n’y aurait pas de mulâtre à peau jaune et aux cheveux bouclés comme sont ordinairement les métis du Noir et du Blanc. Les mulâtres seraient toujours noirs avec une chevelure crépue, comme leur mère ; ils auraient tous l’intelligence suréminente qu’on prétend être l’apanage exclusif de leur père. Or, c’est le contraire qui est vrai, c’est le contraire qui existe. Le métissage est un fait d’ordre purement physiologique et rien de plus. Lorsque le mulâtre est intelligent, ce n’est pas une vertu spéciale qu’il hérite des qualités ethniques de son père ou de sa mère, c’est plutôt une hérédité individuelle qui vient tantôt de l’un, tantôt de l’autre, sans aucune prévision catégorique.

Quant à ce qui concerne le cas de Lislet Geoffroy, physiquement nègre, mais moralement et intellectuellement blanc, j’avoue humblement que je n’ai jamais pu me rendre compte de ce curieux phénomène. Il a fallu que la conviction de M. de Quatrefages fût bien profonde dans la vérité de ses doctrines anthropologiques, pour qu’il avançât un tel fait comme un argument sérieux. La première pensée qui viendrait à l’esprit d’un homme moins prévenu contre les aptitudes natives du Noir, ce serait de se demander si le prétendu père blanc de Lislet Geoffroy avait contribué à mériter une telle paternité par autre chose que par son nom. Mais aux yeux de l’honorable savant, de rencontrer un Nègre d’une haute intelligence, ce serait une anomalie beaucoup plus grande que celle de voir un mulâtre, fils de blanc, complètement noir avec des cheveux crépus.

Sans pousser la témérité jusqu’à déclarer l’impossibilité du fait, on peut affirmer pertinemment qu’il y a mille chances contre une, pour qu’il ne se reproduise pas en des cas identiques. Un mulâtre issu d’un noir et d’un blanc