Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
des races humaines.

rainement sur les esprits, au commencement de ce siècle. L’idéalisme allemand et le rationalisme français y aboutissaient. Mais il n’en fut pas longtemps ainsi. Bientôt la psychologie, enfermée jusque-là dans l’enceinte de la métaphysique, fut envahie par une cohorte de profanes. De toutes parts, on se mit à contrôler les pensées et les actions humaines, en s’efforçant de les expliquer par des impulsions physiologiques. La chimie donnant la main à la physiologie, la libre pensée se liguant avec la science, on vit d’illustres savants nier catégoriquement l’origine divine et la précellence de l’intelligence humaine, pour ne la regarder que comme le résultat d’une simple fonction du cerveau. — Le mot fut enfin lâché : Ohne Phosphorus, kein Gedanke, s’écria Moleschott. Toute la génération scientifique dont la première efflorescence date de 1850 prit parti pour la nouvelle école. Le phosphore détrôna l’esprit divin et on lui fit tout l’honneur de la pensée. En vain cria-t-on au matérialisme. Quand M. Flammarion, un des rares savants spiritualistes de ces temps-ci, eut écrit son livre de combat, Dieu dans la nature, sa voix, quoique empreinte d’une onction merveilleuse, limpide comme le langage de Platon, eut moins d’écho que celle de M. Louis Büchner. La force ou l’énergie fut reconnue comme partie intégrante de la matière. Ce qui était considéré comme une manifestation divine, parut un simple phénomène organique, nutrition ou désassimilation des tissus, excitation ou dépression nerveuse ! L’ingratitude humaine oublia toutes les belles tirades écloses sous l’inspiration du mens agitat molem et le spiritualisme dut en prendre son deuil. C’en était fait. Les esprits fatigués de controverse et rassasiés de spéculations, se réfugièrent dans le positivisme d’Auguste Comte ou l’évolutionisme de M. Herbert Spencer, quand ils purent échapper à la philosophie de l’inconscient de Hartmann. — De fiers lutteurs,