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souvent un homme du peuple affligé d’un bec-de-lièvre : l’enfant est né avec le visage frappé de la même difformité.

Il faut aussi mentionner ce fait intéressant que l’on constatait dans toutes les anciennes familles de haute noblesse : Chaque maison avait un trait qui la distinguait tellement que, dans les hautes régions aristocratiques où l’on étudiait la finesse et l’élégance des formes avec autant de soin que la science héraldique, on pouvait avant de voir les écussons, reconnaître la souche d’un marquis ou d’un vicomte, rien qu’en le dévisageant attentivement. Il me semble qu’à part l’influence héréditaire, qui se croisait et s’annulait souvent par les unions exogamiques, on peut expliquer la ressemblance ainsi perpétuée dans les traits de famille, par la coutume qu’avaient les anciens nobles de réunir dans une salle d’honneur les portraits de tous leurs ancêtres, comme une espèce d’arbre généalogique qui parlait aux yeux de leurs descendants avec beaucoup plus d’éloquence que les plus savantes pages d’histoire. C’étaient là de très bonnes expériences exécutées involontairement mais librement.

Je pourrais citer beaucoup d’autres faits à l’appui de la même thèse, mais revenons à l’homme noir d’Haïti que nous avons abandonné dans l’entraînement d’une digression acoquinante, mais qu’il est bien temps de fermer.

Ce ne sont pas de beaux hommes noirs qui manquent en Haïti. Parmi les soldats de l’armée, comme au milieu des campagnards et des citadins, on rencontre fréquemment des types que l’on confondrait volontiers avec ceux de la race caucasique, n’étaient la couleur de la peau et la différence de la chevelure. Dans les départements du Sud et du Nord de la République, on les voit surtout dans une proportion respectable. Bien faits, ayant généralement une