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temps après la conception, furent enfermées dans un endroit où il fut exposé des images choisies et qui leur tombaient constamment sous les yeux. Les enfants ne présentèrent aucun trait caractéristique qu’on pût attribuer à l’excitation nerveuse produite par la vue de ces images. Cette observation a quelque peu ébranlé la foi du savant auteur de l’Origine des espèces, mais nous n’y voyons rien qui puisse battre en brèche notre première conviction. Il est évident que l’expérience a été mal faite. Toutes les fois que l’on voudra étudier les phénomènes vitaux dans un animal d’un ordre élevé, on ne pourra se prononcer compétemment qu’autant que l’expérience aura été faite en pleine liberté de l’agent. Quand il s’agit de l’homme dont la liberté est la condition vitale par excellence, le fait prend une telle importance que son absence seule suffit pour infirmer tous les résultats de l’investigation et toutes les conclusions qu’on en voudrait tirer.

Je suis à même de citer plusieurs faits prouvant que l’imagination de la mère peut produire un effet réel sur les traits du fœtus. J’ai connu au Cap-Haïtien une enfant de M. Marmont Daguindeau, du nom de Lœtitia. Durant sa grossesse, la mère contemplait, sans jamais se fatiguer, un tableau dont la vue la transportait d’admiration. L’enfant est née remarquablement belle et ressemblant si bien à l’image que, lorsqu’elle eut six ans et que ses traits furent bien formés, on pouvait facilement tromper les étrangers en leur faisant accroire que c’était son propre portrait. Une dame de Paris avec qui j’eus occasion de causer de ce phénomène, m’a affirmé que la même chose lui était arrivée pour une petite fille qu’elle a perdue à l’âge de deux ans. Par contre, je connais un jeune garçon de M. Llenas, docteur en médecine de la Faculté de Paris, habitant aussi la ville du Cap-Haïtien, lequel a été victime d’une cause toute semblable. La mère, pendant sa grossesse, regardait