Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
de l’égalité

part dans la création. Il surpasse tout en dignité et en prééminence. Hollard, Pruner-Bey, M. de Quatrefages pour ne citer que quelques noms, se sont réunis à l’opinion de l’auteur de la théorie de la variabilité limitée de l’espèce. Mais tout excès affaiblit. Les savants qui se déclarèrent partisans du règne humain, ne purent nier que l’homme ne soit un animal soumis aux mêmes exigences naturelles que les autres animaux, tant par ses fonctions organiques que par sa conformation anatomique. Le mot règne dut perdre dans cette théorie la signification ordinaire qu’il a en histoire naturelle et il en fut fait bon marché. On perdit donc de vue le terrain sur lequel s’étaient placés Blumenbach et Cuvier, pour ne considérer que les hautes qualités intellectuelles et morales qui font de nous une espèce unique en son genre.

En effet, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, reconnaissant que les différences taxonomiques qui séparent le groupe humain des groupes simiens ne sont que des différences familiales et non ordinales, revenait, intentionnellement ou non, au giron des naturalistes qui avaient adopté, avec plus ou moins de modifications, le système de classification de Linné, tels que Bory de Saint-Vincent, Lesson, etc. Il en résulta une espèce de compromis à l’aide duquel chaque opinion resta maîtresse de son camp, en négligeant le reste. Lacenaire, appelé à dire son mot au public qui l’écoutait avec un charme toujours nouveau, formula enfin cette transaction : « Oui, par sa forme, par sa structure, par l’ensemble de ses dispositions organiques, dit-il l’homme est un singe ; mais par son intelligence, par les créations de sa pensée, l’homme est un dieu. » Le savant professeur se tira ainsi d’une position délicate avec une adresse non commune ; mais là ne s’arrêta pas la lutte.

L’école orthodoxe avait puisé sa principale force dans le crédit des doctrines spiritualistes qui régnèrent souve-