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qu’on aille chercher jusque chez les Peaux-Rouges l’explication fantaisiste d’un fait arrivé parmi les Européens ? D’ailleurs, rien ne prouve que tous les sauvages se comportent comme les Peaux-Rouges de Catlin. Sir Samuel White Baker a rencontré une conduite absolument contraire parmi les Nouers, peuplade sauvage habitant la rive droite du haut Nil. Le voyageur anglais s’étant arrêté près d’un de leurs villages, ils ne tardèrent pas à se rendre à son bateau. « Le chef de ce village s’appelait Ioctian, dit-il ; il vint nous rendre visite avec sa femme et sa fille, et, pendant qu’il était assis sur un divan de notre cabine, j’ai dessiné son portrait, dont il a été enchanté[1]. »

Pourquoi tant s’exposer à des erreurs d’interprétation, plutôt que d’accepter une explication rationnelle que tous les faits viennent éclairer de leur lumière ? C’est que la science anthropologique, telle qu’elle est faite par l’école française, se renferme uniquement dans le cadre étroit d’un système arbitraire. Elle sera ruinée de fond en comble, le jour où l’on pourra prouver que les races humaines, à part la couleur qui est un résultat complexe du climat, de la nourriture et de l’hérédité, n’ont rien d’essentiellement fixe et caractéristique. Cependant il est incontestable que toutes les races subissent une évolution qui va de la laideur à la beauté, sous l’impulsion du développement intellectuel dont l’influence, sur l’organe encéphalique et sur le maintien général du corps, est chaque jour mieux démontré. En vain résiste-t-on à l’évidence. Les affirmations dogmatiques n’ont pas la moindre action sur la nature des choses et ne les feront jamais changer, sans l’aide d’autres agents d’une meilleure efficacité. « Un homme, une tribu, une population entière peuvent, dit M. de Quatrefages,

  1. Ferdinand de Lanoye, Le Nil, son bassin et ses sources. Paris, 1869, p. 267.