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placées dans les pires conditions d’hygiène et de milieu.

Tous ceux qui ont vécu ou voyagé dans les pays où se rencontre la femme d’origine africaine, avec le moindre degré de civilisation et de bien-être, libre et fière de cette belle peau noirâtre qui ne la dépare nullement, savent sans doute que, loin de se flétrir avec cette précocité dont parle l’éminent professeur d’anthropologie, elle montre au contraire une étonnante aptitude à supporter sans se faner aucunement, les crises répétées de la maternité. On voit souvent, en Haïti, des mères qui après avoir enfanté de six à dix fois et davantage, gardent encore tous les appas d’une mûre jeunesse. C’est là un cas si commun dans la race noire que personne de ceux qui s’y connaissent, n’en éprouvent le moindre étonnement.

Quand on pense à tous les soins que l’Européenne civilisée et coquette met à sa toilette, sous un climat dont la douceur semble promettre à la femme les appas d’une éternelle jeunesse ; et qu’on songe, d’autre part à la toilette élémentaire, consistant en simples ablutions, dont se contente la montagnarde au teint d’ébène, encore qu’elle la renouvelle fréquemment[1], ne s’étonne-t-on pas avec raison de voir celle-ci, malgré l’effet déprimant d’un climat enflammé, conserver si bien ce teint toujours velouté, et cette fleur de fraîcheur qui en font une femme à part. « Aussi, dit Moreau de Saint-Méry, les Turcs qui méritent qu’on les regarde comme de bons juges en ce genre, préfèrent-ils (selon Bruce) dans la saison brûlante, l’Éthiopienne au teint de jais à l’éclatante Circassienne. »

  1. La propreté est un des caractères des nègres et singulièrement des femmes. Elles cherchent l’eau sans cesse et lors même qu’elles sont réduites à n’avoir que des vêtements malpropres, leur corps est fréquemment plongé dans le bain d’une eau vive et courante, à moins qu’elles ne soient forcées de se contenter de l’eau de pluie qu’elles ont recueillie ou que des pluies leur donnent.
    (Moreau de Saint-Méry, Description, etc.).