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de l’égalité

trouve pour la première fois une déünition systématique, rompant positivement avec l’idée que les savants s’en sont faite depuis Blumenbach. On sait que le savant philosophe de Kœnigsberg a écrit un traité d’Anthropologie pragmatique ; mais c’est dans un autre de ses ouvrages qu’il définit ce qu’il entend par cette expression. « La physique, dit-il, a en effet, outre sa partie empirique, sa partie rationnelle. De même de l’éthique. Mais on pourrait désigner plus particulièrement sous le nom d’anthropologie pratique, la partie empirique de cette dernière science et réserver spécialement celui de morale pour la partie rationnelle[1] ». Cette division de l’éthique en « anthropologie pragmatique[2] » et en « morale proprement dite » peut paraître bizarre, mais elle s’accorde parfaitement avec la méthode générale de l’éminent philosophe qui distinguait dans toute notion pouvant résister à la critique de la raison, l’objectif et le subjectif, l’être et la pensée.

L’école kantienne a longtemps conservé la même définition et attaché aux mêmes mots les mêmes idées, sauf les évolutions de forme que le kantisme a subies, en passant du maître à Hegel. Celui-ci, qui a ruiné le prestige des spéculations métaphysiques, à force de controverser sur les notions les plus claires, a touché à toutes les branches des connaissances humaines, dans une série de travaux un peu confus, mais d’où sortent parfois des fulgurations brillantes, à travers le dédale d’une terminologie trop arbitraire pour être toujours savante.

Ainsi l’anthropologie, selon Hegel, est la science qui considère les qualités de l’esprit encore engagé dans la na-

  1. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, traduct. de M. Tissot.
  2. Ce mot est ici plus exact que pratique ; son aspect difficile seul a dû porter le traducteur à se servir de ce dernier terme beaucoup moins expressif.