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s’occuper des questions de cette nature. Malheureusement, la science, malgré l’indépendance relative qu’elle a conquise dans notre siècle de liberté, reste encore souvent altérée par l’influence des idées ambiantes. Il suffit qu’un savant de grand talent, capable de prendre la direction d’un courant scientifique, ait adopté une de ces idées aussi puissantes qu’éphémères et lui ait donné un attirail respectable, avec des formules et des procédés méthodiques particuliers, pour que l’esprit d’école enraye tout progrès dans cette branche de la science, jusqu’à ce qu’il soit évidemment reconnu que le grand homme s’était trompé. D’ici là, on fait des investigations, on discute ; on aperçoit vaguement la vérité. On raisonne parfois si bien qu’on semble vouloir même la proclamer. Mais vienne la conclusion ! Si cette vérité est contraire à l’opinion de l’école, à la parole du maître, on aimera mieux faire preuve de la plus grande incapacité discursive, plutôt que de conclure contre la théorie adoptée.

En attendant, les anthropologistes après avoir divisé les types humains en trois groupes que les uns veulent appeler races, et les autres espèces (la distinction importe peu ici) ont unanimement admis la doctrine de l’inégalité morale et intellectuelle de ces divers groupes. En vain cherche-t-on dans la plupart de leurs ouvrages une dissertation en règle sur une question aussi grave. On ne la rencontre nulle part. Pourtant, ils raisonnent généralement comme s’il s’agissait d’un fait si bien démontré qu’il n’y eût nulle nécessité de lui chercher un fondement scientifique. Où donc découvrira-t-on l’exposition catégorique de cette doctrine mystérieuse implantée à l’égal d’un dogme dans l’esprit de nos savants ? Qui, nous initiera à ces arcanes de la science de l’homme ?

Carus, en Allemagne, et M. de Gobineau, en France, ont écrit chacun un ouvrage spécial où la thèse de l’inégalité